…mais la planète restera toujours elle-même.

19. FOIRE D’ÉTÉ

d’Emily Alward

 

 

En ce beau jour d’été, le soleil réchauffait les pavés de la Cité du Commerce, mais l’inquiétude me glaçait le cœur.

Depuis les ravages perpétrés par les Casseurs de Mondes, tout allait mal. Les capes floconneuses en laine tissée à la main, et les drôles de petits animaux que je confectionnais et qui autrefois me permettaient de bien gagner ma vie, ne se vendaient plus. Même les Hali’imyn, qui consacraient tous leurs revenus à la remise en état des champs et des forêts, n’avaient plus d’argent pour les articles de luxe. Je vivais toujours dans mon petit cottage, mais la Déesse seule savait comment je paierais mon prochain loyer. Je pensai à mes petits pots de simples sur mes appuis de fenêtres avec une prémonition de départ. Mes chiens ne pourraient pas venir avec moi si je devais retourner vivre à la Maison de la Guilde. Mes sœurs accepteraient peut-être un chien dans la cour, mais sûrement pas trois. Et comment choisir les deux que j’abandonnerais ?

Une autre crainte, encore plus forte, me saisit en cet après-midi d’été.

Enfant chérie de mon cœur, fille de mes entrailles, comment pourrai-je te sauver sans argent ?…

On m’avait dit que les Terriens achèteraient mes articles, qu’ils étaient toujours en quête de « souvenirs » à rapporter de leurs voyages, pour montrer qu’ils avaient visité de nombreux mondes. Alors j’avais payé un bon prix pour pouvoir exposer à cette foire, organisée pour la promotion de l’artisanat indigène. Les Terranans avaient aimé mes productions, c’est sûr. En un flot continu, les Terriens s’arrêtaient devant ma table, me complimentaient sur leur qualité, puis passaient. C’est agréable d’être admirée, mais ça ne paye pas le loyer.

Deux adolescents dégingandés s’approchèrent et, s’emparant de quatre délicats oiseaux de pluie, mimèrent une bataille entre eux. Je me mordis la langue et restai aimable. Il n’est jamais payant de rembarrer des clients potentiels. Ils s’éloignèrent, et je m’efforçai de maîtriser ma panique croissante. La journée s’avançait, jusque-là sans une seule vente.

– Je vois que tu fabriques des objets magnifiques, dit une nouvelle voix.

– Oui.

Je relevai la tête, et rencontrai des yeux verts comme la forêt. C’était une femme, pas une Terrienne, mais elle avait un air d’assurance annonçant un rang élevé. Ses cheveux blond vénitien, retenus par une barrette en forme de papillon, cascadaient sur ses épaules en boucles exubérantes. Sa robe, qui évoquait le violet de l’aube, tombait avec une grâce infinie. Elle paraissait avoir à peu près mon âge, et, à trente-neuf ans, je ne suis plus toute jeune, mais il y. avait en elle quelque chose qui brillait. Un frisson d’envie pour la vie facile d’une vai domna me parcourut, mais je le réprimai. Je fus un peu embarrassée qu’elle ait vu si loin dans mon âme.

– Oui, en effet.

– Moi aussi, dit-elle en souriant. Tu permets que je m’asseye un peu pour me reposer ?

– Bien sûr, je t’en prie, vai domna.

J’enlevai ma boîte de pelotes de mon second tabouret et lui fis signe de passer derrière la table. Elle s’assit avec un soupir de soulagement trahissant la fatigue d’une longue marche.

– Reste aussi longtemps que tu voudras, ajoutai-je.

Elle était peut-être noble et privilégiée, mais le Serment exige que nous accordions notre secours à toute femme qui le demande. Et ce modeste secours était vraiment facile à fournir.

Un nouveau groupe s’arrêta devant mon étal. Je les regardai anxieusement ; la dame m’observa. Quand ils s’éloignèrent sans rien acheter, elle dit :

– Ils regardent tous et n’achètent pas ; c’est ce qui s’est passé toute la journée ?

– A peu près, répondis-je avec amertume.

– Je sais que la vie a été dure cette année, reprit-elle. Il est très important que tu vendes ces objets ?

– Oui, par la Déesse ! dis-je.

Il est mal élevé d’afficher son désespoir, mais je ne me souciais plus des bonnes manières. D’ailleurs, cette dame semblait être une aristocrate, pas une artisane au courant des usages de la profession. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je les refoulai.

Je ne sais pas exactement comment j’en arrivai là, mais, tout d’un coup, je me surpris à lui confier mes soucis. Pas les petits, sur les pots de simples devant mes fenêtres, et ma peur de devoir abandonner le confort de ma modeste maisonnette. Je lui racontai d’un trait l’histoire de ma fille. Carlinna avait fait un beau mariage – c’était du moins ce qu’avaient pensé les gens. Moi, en femme qui se méfie depuis longtemps du mariage et des promesses des hommes, je n’avais pas été écoutée quand je lui avais conseillé de retarder le moment de la noce. Elle avait épousé un petit seigneur et déménagé dans les monts de Kilghard, où rôdent les hommes-chats et où la parole du seigneur fait loi. Elle avait vécu si mois de félicité sans mélange, suivis d’une introduction à l’enfer. La nature de Dom Félix avait viré au poison, et il s’était mis à battre sa femme.

Maintenant, Carlinna était enceinte, et les corrections avaient empiré. Le bébé avait été visualisé, et, comme c’était une fille, la rage de Dom Félix ne connaissait plus de bornes.

– Ne peut-elle pas trouver refuge quelque part ? Peut-être chez certaines de tes sœurs ? demanda doucement ma visiteuse.

– Il n’y a pas de Renonçantes si loin dans les montagnes, dis-je sèchement, et personne d’autre ne voudra d’elle. Ils ont trop peur de la colère du vai dom. Je…

Je me mordis la langue, combattant les remords qui ne me quittaient pas. C’étaient des remords injustifiés : je savais que toute tentative de sauvetage de ma part était futile, mais n’est-il pas déshonorant pour une mère de ne pas pouvoir protéger sa fille ?

– J’irais bien la chercher moi-même, mais je ne suis pas de force à affronter les hommes de Dom Félix. De plus, elle ne pourrait pas faire ce long voyage à cheval. Elle est très proche de son terme. Toute sa grossesse a été très précaire. Elle ne pourrait pas voyager sur les sentiers de montagne assez loin pour sortir des terres de Dom Félix.

– Je vois.

La femme laissa son regard errer sur la foule de la place. Elle portait la sérénité comme un voile. Elle semblait femme à résoudre toutes les difficultés qui se présentaient. J’eus honte de ma propre impuissance, et je me sentis obligée de lui montrer que je faisais de mon mieux.

– Il y aurait bien un moyen. Les Terriens ont un camp non loin de chez elle. Ils enfoncent des instruments en métal dans le sol dans tous les coins. Ils vont et ils viennent dans des machines qui volent comme les oiseaux. C’est comme ça que Carlinna m’envoie ses messages, par eux. Les Terriens veulent bien l’emmener dans une de ces machines si… si je peux payer son passage. J’ai essayé d’emprunter la somme, mais personne disposant de quelque argent ne veut le confier à une femme à l’avenir si incertain. J’ai même pensé à voler…

Je frissonnai ; chaque fois que j’ai eu cette pensée, je me suis vue traînée devant le magistrat, ayant déshonoré les Comhi-Letzii.

– Alors j’ai grand besoin de vendre mes articles… pour sauver ma fille.

– Etranges gens que ces Terriens, qui font dépendre le sort d’une femme enceinte de son argent, dit rêveusement la dame.

– En tout cas, ils acceptent de m’aider, eux, Dom Félix ou pas. L’homme m’a dit qu’ils avaient pour règle la non-interférence dans les coutumes locales, mais que, si un passager paye son passage, il est considéré comme un agent libre.

Je fus étonnée moi-même de m’entendre défendre les Terranans. La vie ne m’a pas donné beaucoup d’occasions d’en rencontrer, mais ceux qui m’apportent les messages de Carlinna me semblent moins imbus d’eux-mêmes que ceux que je fréquente d’habitude.

– Quand je suis allée voir leur chef ce matin, il m’a dit que Carlinna pourrait voler – quelle étrange chose ! – demain si je payais son passage ce soir. J’étais si près de sauver ma fille…

– Huummm, fit la vai domna, l’air distrait.

M’avait-elle seulement écoutée ?

– Quel est ton nom, mestra ?

– Maura n’ha Caillean.

Elle ne me donna pas son nom à elle. Elle se pencha, ses cheveux brillants effleurant la table, et tendit la main vers une cape de laine. Je la regardai la caresser en silence. Ses doigts semblaient tirer de l’étoffe l’essence même des couleurs et la chaleur de la douce toison. Toutes les teintes de la palette printanière d’Evanda, que j’avais tissées dans l’étoffe, se mirent à luire. Je sentais presque l’agneau gambader et folâtrer, et la joie émaner de l’étoffe.

Puis elle prit un poney pelucheux. Il était assez charmant pour commencer, du moins le pensais-je. J’apporte toujours beaucoup de soin à la fabrication de mes animaux. Mais sa main transforma un simple jouet en… autre chose. Les yeux timides scintillèrent d’amour ; force et confiance émanèrent de tout son corps. Puis la dame tourna son attention sur un petit lapin cornu. Elle le pressa contre sa joue, et, tout d’un coup, je compris la petite créature aux aguets, et l’âme tendre que cachait sa fourrure duveteuse.

Elle prit tous les articles dans ses mains, l’un après l’autre, et chacun semblait atteindre un nouveau niveau de perfection après qu’elle l’avait touché.

Ou n’était-ce que mon imagination, surexcitée par la tension ? Après être restée toute la journée devant mon étalage dans un état proche du désespoir, je n’avais plus les idées claires. Ayant terminé, la dame recula, considérant la table avec satisfaction. Je me demandai si elle avait cherché quelque chose à acheter ; je ne voulais pas de ça, pas si elle achetait par pitié.

– C’est combien ?

Un adolescent levait dans sa main un grand chervine assez comique, l’une de mes créatures les plus chères. Je lui dit le prix. Il me mit les pièces dans la main et partit avec son achat.

– Tu vois ? Il y a de l’espoir, dit la vai domna en souriant.

– Oui, dis-je, encouragée mais toujours pas optimiste.

Vingt ventes semblables paieraient le passage de Carlinna.

Tout juste. Mais il ne restait pas assez de temps pour espérer vingt ventes de cette importance.

Un couple de Terriens en uniforme s’arrêta et commença à déplier les capes. La femme en jeta une sur ses épaules.

– C’est magnifique sur toi, Margot, dit l’homme.

– Et je me sens magnifique, au chaud, protégée. Comme si les épouvantables hivers d’ici ne pouvaient pas m’atteindre, murmura la Terrienne.

Son compagnon sortit un portefeuille en cuir et posa sur la table un gros billet de l’Empire. Je le regardai, me dépêchai de compter la monnaie, mais ils avaient déjà disparu.

J’allais me tourner vers la vai domna avec un cri de triomphe, mais une autre cliente m’interpella.

– C’est vraiment la peluche la plus adorable que j’aie vu de ma vie ! dit-elle.

Ses joues roses et son visage ouvert me rappelèrent ma Carlinna. Elle serra l’ours sur son cœur.

– Il veut que je l’emporte à la maison, je le sens. Oh, il faut que je l’aie !

Nouvelle vente.

– Il se passe quelque chose, chuchotai-je à ma visiteuse, la première fois que je restai une minute sans client. C’est à cause de toi ?

– Moi ? Comment aurais-je fait ?

Ses yeux verts s’allumèrent, pétillant d’amusement.

– Il se peut que je porte chance, Mestra Maura. C’est ce que me disait l’un de mes amants. Mais maintenant, je vais visiter le reste de la foire. Merci de ta gentillesse.

Je lui dis au revoir, mais je n’eus pas le temps de m’attarder sur le revirement de ma chance. Les clients continuaient à s’arrêter à ma table, à caresser mes animaux en s’extasiant sur eux, puis ils les achetaient et les emportaient, disant que les petites créatures avaient séduit leur cœur. D’autres s’arrachaient les manteaux et les capes, déclarant que c’étaient les vêtements les plus beaux et les plus chauds qu’ils aient jamais trouvés. Je vendais sans arrêt. Les deux heures suivantes furent un rêve de commerçante.

C’est seulement quand la place se vida à la fin de la journée que je repris haleine. Il ne me restait que deux articles. Depuis vingt ans que je vendais mes productions, je n’avais jamais eu une meilleure journée. Et je n’en avais jamais eu plus désespérément besoin.

La mystérieuse dame s’était-elle servie de quelque forme de laran pour embellir mes capes et mes jouets ? Plus j’y pensais, plus cela me semblait improbable. Une comynara pouvait avoir bon cœur, mais elle n’allait pas user de sa sorcellerie en faveur d’une pauvre artisane renonçante. Et si comme son comportement insolite commençait à me le faire soupçonner – elle n’appartenait pas aux Comyn ? Je ne connaissais personne d’autre en ce monde ayant de tels pouvoirs.

Non, j’avais juste eu une chance incroyable. Peut-être que ma situation avait attiré l’attention de la Déesse, et qu’elle avait décidé, à retardement, de m’accorder une bonne journée ? Enfin, peu importait. Les pièces de cuivre et les billets de crédit débordèrent quand j’ouvris la boîte me servant de caisse. J’avais assez pour sauver Carlinna, pour payer ma nourriture et mon loyer pendant de nombreuses décades, et même pour rapporter un petit extra à mes chiens…

Je pris mon argent et courus voir le chef de camp avant la fermeture des grilles de la Zone Terrienne.

 

Elle m’attendait à ma table quand je revins pour emporter mon matériel, encore tout excitée de joie.

– Quelle journée merveilleuse ! m’écriai-je.

– J’en suis heureuse pour toi, chiya, dit-elle.

– Oh, et… tu es fatiguée, non ? Sais-tu où tu vas coucher ce soir ?

Il semblait impossible qu’une aussi grande dame n’eût pas une maison de ville à Thendara, pourtant cela semblait être le cas, sinon, pourquoi serait-elle revenue alors qu’elle me connaissait depuis seulement quelques heures ?

Je lui offris l’hospitalité de ma maison ; c’était normal vis-à-vis d’une autre femme. Ma seule crainte, c’était qu’elle ne la trouve pas assez bien pour elle. Nous partîmes. Elle emprunta ma seule cape invendue, et porta la table pliante, tandis que je me chargeais des tabourets. Il tombait une pluie glacée, comme tous les soirs ; nous avancions avec précaution dans les rues glissantes.

Quand j’ouvris la porte, Callie bondit joyeusement vers moi. Callie déborde de tendresse, mais sa fourrure est toujours pleine de chardons, et ses grosses pattes peuvent facilement vous renverser. Quand elle sauta sur ma visiteuse, je lui ordonnai de cesser.

La vai domna protesta.

– Non, je t’en prie. J’aime aussi les beaux animaux en chair et en os.

Elle gratta les oreilles de Callie, qui s’étira de contentement. Les deux petits chiens sautaient autour des pieds de la dame comme des moustiques excités. Avant qu’elle ait eu le temps d’ôter la cape d’emprunt, elle roulait sur le sol et jouait avec tous les trois.

Bon, je n’ai jamais vécu avec de nobles dames pour savoir comment elles se comportent chez elles. Si elle est contente de batifoler avec mes chiens, pourquoi len empêcher ? me dis-je. Une femme qui aime les animaux est généralement quelqu’un qui aime aussi les humains.

Nous partageâmes du fromage, du pain aux noix et de la tisane. Il fallut tisonner les bûches jusqu’à ce qu’elles prennent, et quand enfin les flammes s’élevèrent joyeusement dans la cheminée, nous nous assîmes devant le feu. Ma visiteuse paraissait contente de se détendre et ne me posait plus de questions. Nous sommes égales en tant que femmes, pensai-je, quel que soit son rang dans la vie. Elle raconta une histoire – une histoire drôle – sur l’âne de Durraman, et nous nous retrouvâmes bientôt à pouffer comme des gamines, inventant des variations ridicules sur le dilemme de l’animal.

Enfin, comme il se faisait tard, j’allai faire mon lit pour elle. Le lit de camp du porche me suffirait pour une nuit, et je ne pouvais pas demander à cette belle dame de se geler dans la véranda.

Elle était debout près de la cheminée quand je revins. Ses cheveux brillaient à la lueur du feu – pas comme du cuivre poli, ni du blond vénitien que j’avais vu au début de l’après-midi. Ils avaient maintenant la couleur des abricots murs des vergers de Valeron de ma jeunesse. Des pattes d’oie étaient visibles autour de ses yeux, et elle paraissait très fatiguée. Mais ces yeux recelaient les secrets des clairières forestières dans leurs vertes profondeurs.

– Breda, dit-elle en me tendant les bras.

Je m’y blottis. Sa peau avait la senteur des clochettes fleurissant dans les lieux écartés. Elle posa la main sur mon sein, et je l’embrassai.

Nous couchâmes ensemble dans mon lit.

 

Je me nichai tout contre elle, répugnant à quitter le confort de ses bras. Mais ça ne put durer. Le soleil montait déjà dans le ciel, et Callie, qui s’était glissée clandestinement dans la chambre pendant la nuit, remua au pied du lit. Je soupirai et me levai pour faire chauffer l’eau de la tisane.

La dame mit longtemps à me rejoindre. Quand elle apparut, elle avait à la main deux fleurs cueillies dans le jardin devant ma maison.

– Des fleurs pour une sœur de mon cœur, dit-elle.

J’avais oublié que c’était la veille du Solstice d’Eté.

– Merci, dis-je, embarrassée de n’y avoir pas pensé moi-même.

Je servis la tisane et nous la bûmes en silence. Puis elle ramassa son sac de voyage.

– Breda, je serais heureuse que tu restes avec moi. Aussi longtemps que tu voudras, dis-je.

– J’aimerais bien rester, mais je ne peux pas.

– Alors…

Je cherchai mes mots, poignardée par la douleur de la séparation.

– Alors, permets-moi de te souhaiter bon voyage. Et merci pour tout – et aussi pour ton aide dans la vente de mes animaux. Tu leur as fait quelque chose, n’est-ce pas ?

Elle éclata de rire.

– J’aurais pu faire plus, mais…

Elle regarda affectueusement Callie et les deux petits chiens, qui attendaient patiemment les reliefs du repas.

… je doute que tu aies besoin d’ajouter à ta ménagerie.

 

Longtemps après son départ, longtemps après que les sourires de ma petite-fille commencèrent à remplir ma vie d’une joie différente, la fragrance des fleurs d’Evanda persistait encore dans ma maisonnette.

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